Passer outre les divergences intellectuelles pour enrichir la jurisprudence islamique

La 13e conférence sur « le développement des sciences du fiqh », (Mascate : 6 – 9 avril), a appelé, mercredi, à renforcer les aspects communs chez les oulémas des différentes écoles doctrinales (rites) et de jurisprudence en vue d’éliminer les barrières intellectuelles entre les docteurs de la loi dans le monde islamique.

Cette position est contenue dans une déclaration finale en douze points adoptée à la clôture de cette conférence par les 350 participants. Elle  résume les propositions faites dans près de 70 communications présentées par des oulémas, mouftis, universitaires, chercheurs et responsables d’institutions spécialisées en les études sur le fiqh et les rites musulmans.

Communauté humaine et fiqh

Pour cette édition, la conférence s’est penchée sur l’analyse du thème retenu, « fiqh : communauté humaine et intérêts», comme plateforme de débats entre les oulémas représentant différents rites religieux qui sont venus du monde arabe, des pays musulmans et de pays abritant de fortes minorités musulmanes.

La thématique « communauté humaine » signifie, selon la définition proposée,  l’ensemble des valeurs humaines contenues dans les differentes religions, civilisations et mouvements intellectuels pour « satisfaire les besoins innés de l’homme ». Ceux-ci englobent l’instauration de la justice, la défense des victimes contre toute sorte d’abus, la liberté de l’homme, la préservation de sa dignité, de son âme et la garantie des autres besoins dérivés.

Le fiqh public (jurisprudence) de la communauté humaine défend en outre l’unité de l’humanité dans le cadre de la diversité, logique et acceptée, qui est « la source de fertilité et de richesse ». Les participants ont ainsi mis en garde contre la « vision crispée » qui se fait par certains milieux internationaux de l’islam et des musulmans pour attiser les foyers de division. « Nous percevons le monde à travers le prisme de la fraternité universelle et la diversité positive », souligne la déclaration.

Pour une nouvelle lecture des textes du fiqh

Ceci n’empêche que les oulémas (docteurs de la loi) éprouvent la nécessité de proposer une « nouvelle lecture des terminologies du fiqh relatives à la communauté humaine » en prenant en considération les impératifs temps et lieu lorsqu’ils édictent des avis, fetouas ou sentences législatives. Il est devenu aussi judicieux, proclame la déclaration finale, de préserver et enrichir la doctrine des droits de l’homme nonobstant la couleur, les idées, l’ethnie, la nation ou la religion. La charia, qui demeure la principale source en cette matière, veille à la protection des cinq concepts à savoir le droit de confession, à la vie, à l’esprit, à l’honneur et au patrimoine. Le but consiste à revaloriser les valeurs et la morale, les enseigner dans les institutions pédagogiques et les vulgariser à travers les médias.

Pour réagir aux « courants qui encouragent l’isolationnisme, les tensions et les divisions aussi bien dans les relations inter-musulmans qu’avec le reste du monde », les oulémas proposent « la diffusion des valeurs, d’ailleurs contenues dans le coran, qui appellent à la liberté, la dignité, la connaissance mutuelle, la confrontation d’idées et au bien public ».

Les participants encouragent finalement, à l’image de la Conférence de Mascate, la poursuite des concertations entre oulémas de differentes doctrines en vue de « guider les musulmans et leurs Etats sur la voie de l’unité, du développement et du progrès ».

Il est clair, à la lumière des débats, que les querelles entre les adeptes des differentes doctrines et animateurs de la jurisprudence islamique n’affectent pas l’essence de l’Islam ni le contenu du coran. Les divergences se situent au niveau des détails, d’une part, entre les animateurs des quatre grandes écoles de jurisprudence (Hanafite, Malikite Hanbalite, Zahirite) en ce qui concerne la pratique des valeurs que prêche l’islam, et d’autre part, entre les trois mouvements doctrinaux en ce qui concerne l’imamat (commandement de la communauté musulmane).

Pour les sunnites, l’ « imamat » doit revenir à la tribu Koraichi ; pour les chiites, il doit être attribué aux descendants du prophète sidna Mohamed en l’occurrence la famille du calife Ali Ibn Abi Taleb ; les abadites et Kharidjites prônent la méritocratie et que tout musulman est apte à commander les affaires des croyants.

A Oman, précisément, cohabitent les communautés ibadite, sunnite et chiite à côté des hindous et bouddhistes dans une ambiance empreinte de tolérance, de respect et de fraternité

Mohamed Boundi
Periodista, doctor en sociología y ciencias de la comunicación de la universidad Complutense de Madrid. Corresponsal en España desde 1987, es licenciado en periodismo, investigador en ciencias sociales, opinión pública y cultura política. Publicaciones: “Marruecos-España: Heridas sin cicatrizar”, un estudio sobre la imagen de Marruecos y sus instituciones en la opinión pública española en momentos de crisis; “Sin ellas no se mueve el mundo”, un trabajo de terreno sobre la condición de las empleadas de hogar inmigrantes en España; “La mujer marroquí en la Comunidad autónoma de Madrid: convivencia y participación social”.

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