La récession économique en Espagne affecte, comme la peste et sans discrimination, tous les secteurs. Après l’effondrement du marché du travail, la réduction des budgets des universités et la fermeture en cascade des entreprises, c’est le tour de la santé publique, un des grands acquis de la société espagnole depuis la restauration de la démocratie.
Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a décidé de réformer le secteur public de la santé en vue d’économiser 558 millions d’euros d’ici 2015 dans le cadre de son programme d’ajustement et la guerre contre le déficit public. Cette opération chirurgicale fait partie de la réforme de l’administration publique adoptée, vendredi dernier, par le conseil des ministres.
Selon les détails présentés par le gouvernement, 22 mesures ont été prises par le ministère de la santé publique en vue d’éviter les fonctions doubles (dualité de services et fonctions), simplifier les normes bureaucratiques et renforcer les mécanismes de coopération entre les administrations (locale, régionale et nationale) en vue de diminuer les coûts de la gestion administrative.
Parmi les innovations introduites, il est à retenir l’application de l’ordonnance électronique dans toutes les régions autonomes qui pourrait se traduire de 20% par une réduction des visites médicales d’attention primaire. Elle permettra également de générer une épargne estimée à 457 millions d’euros en trois ans grâce à la réduction des ordonnances en papier.
La réforme prévoit également l’entrée en vigueur de «dossiers cliniques informatisé interopérable» pour pouvoir partager les données cliniques entre les régions autonomes. Le ministère de la santé publique n’est pas encore en mesure de déterminer le montant à économiser par le biais de ce procédé.
La troisième grande mesure est relative à la création d’une base de données de la carte sanitaire du Système National de Santé (SNS) qui attribuera à chaque citoyen un code d’identification. Une épargne de 88,5 millions d’euros serait possible grâce à la mise au point de ce système qui aidera à éliminer les pratiques frauduleuses et la non rénovation des cartes.
La réforme a institué la fusion de l’Institut National de Consommation et l’Agence de Sécurité Alimentaire qui seront érigés en une seule entité, ECOSAN dans le but d’économiser 1,08 millions d’euros.
Enfin, il y aura un seul et commun observatoire du SNS et un réseau d’agences d’évaluation.
Cette réforme était précédée, il y a quelques mois, d’autres mesures qui avaient particulièrement affecté le collectif d’étrangers, particulièrement les immigrés en situation irrégulière qui avaient perdu le droit d’accès à certains services d’assistance médicale.
Le 1 er septembre 2012, le ministère de la Santé Publique espagnol avait décidé le retrait aux immigrés en situation irrégulière de la carte sanitaire. Cette mesure, qui affectait 153.000 sans-papiers, supposerait une épargne de 500 millions d’euros, selon ce département.