Le rêve de voter pour une nouvelle Ukraine libre et démocratique

Anna Jaillard Chesanovska*

Ucrania-presidenciales-2014 Le rêve de voter pour une nouvelle Ukraine libre et démocratique
Carteles electorales para las elecciones presidenciales 2014 en Ucrania

Les présidentielles ukrainiennes de 2014 resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire. Arrivé dans le premier bureau de vote une heure avant l’ouverture, nous ressentions une légère inquiétude. Journalistes, observateurs et membres de la Commission électorale, nous étions tous là, à attendre les premiers votants. Ce que nous ignorions, c’est qu’une file d’attente se massait déjà derrière la porte, en attendant sagement l’ouverture du bureau de vote.

A 8h précises, les premiers votants peuvent enfin entrer. Je scrute leurs visages ; hommes et femmes de tout âge et de tout milieu social, certains portant des chemises traditionnelles ukrainiennes, avancent vers nous. D’un coup un silence s’installe et on prend tous conscience de ce qui se déroule devant nos yeux. Nous avons payé en vies humaines ce simple droit de pouvoir choisir en toute liberté ; ce droit d’espérer et de rêver une nouvelle Ukraine libre et démocratique où chaque personne sera considérée comme un citoyen à part entière, respecté et protégé par son gouvernement. Malgré l’émotion j’arrive à prendre une photo du premier votant. C’est dans la boite.

«J’espère que les Ukrainiens voterons massivement aujourd’hui», me confie une femme à la sortie du bureau de vote. Ses espoirs ne sont pas vains, à 10h30 du matin il faut déjà compter une heure d’attente avant de pouvoir accéder aux urnes. Trop petits pour accueillir une telle affluence, les bureaux deviennent vite étouffants. Dehors il fait 30C°. Un véritable raz de marée humain envahi les bureaux de vote de la capitale.

«On s’attendait à une grande participation, – avoue un membre de la Commission électorale,- mais on n’imaginait pas que ce serait à un tel point. Les gens ont envie de profiter de cette chance qui leur est donnée»

Entre un vote et un recueillement certains craquent. En remettant son bulletin dans l’urne, une femme s’effondre en larmes. Les morts de Maïdan sont encore bien présents dans les esprits des Ukrainiens. Toutefois, l’ambiance reste très sereine et positivement calme. L ‘espoir est là, il est dans l’air comme le parfum des tilleuls mélangé à l’odeur des pneus brulés que l’on sent encore. Il est là comme des pas d’enfants qu’on entend résonner dans la rue Grouchevski, couverte de sang il y a encore quelques mois.

Je sors du métro, un orage torrentiel éclate au dessus de ma tête, mais je n’ai pas envie de sortir mon parapluie. Je cours en riant, tout le monde court en riant. Tout ne fait que commencer…

*Anna Jaillard-Chesanovska, membre du collectif ukrainien Euromaïdan France

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