Espagne: tombera le gouvernement de Rajoy?

Les pressions de toutes sortes s’accumulent en Espagne et étouffent Mariano Rajoy et son gouvernement. Le dénouement exige des gestes d’urgence parce que le pays est confronté à des problèmes de grande magnitude.

Ce diagnostic est fait par l’universitaire et journaliste Wifredo Espina, dans une analyse parue dans la plateforme numérique, Periodistas-es.com. En politique, explique-t-il, rien n’est prévisible mais il est possible d’avancer des probabilités mais suivant un raisonnement, basé sur des données réelles, le gouvernement de Rajoy «ne tombera pas».

La première raison qui justifie ce «sérieux étouffement» est la grave crise économique avec les ramifications et conséquences d’ordre social et humain du chômage, estime ce vétéran journaliste (né en 1930) qui avait dirigé de nombreux quotidiens et programmes radiophoniques. Toutefois, au cas où ne se confirment pas à court terme les données de changement de tendance, les maux de tête augmenteront avec le risque de s’emparer de la scène publique. Dans le cas contraire, s’il est admis que la politique d’austérité et de réajustement budgétaire (accompagnée de nombreux sacrifices de la part des citoyens) ont eu un effet pour corriger la voie conduisant à une croissance soutenue, la colère et la résignation pourront se convertir en espoir. Les efforts du gouvernement sont évidents, et les organismes européens les appuient, du moins au niveau macroéconomique. Tout cela représenterait une importante base de stabilité, soutient le commentateur.

L’autre motif de pression sur le gouvernement est l’éclatement du «cas Barcenas», l’ex-trésorier du Parti Populaire (au pouvoir) qui affecte directement le parti au pouvoir et pourrait «même toucher son président», Mariano Rajoy. Barcenas est actuellement en détention préventive pour enrichissement illicite, responsabilité de tenir une comptabilité «B» du parti, distribution de gratifications aux responsables du Parti Populaire, dont Rajoy, et gestion de fonds destinés à son financement illicite.

Cependant, le large support électoral que les urnes ont accordé au parti de Rajoy, lui permettront «resoudre, d’une manière ou autre, le problème avec un changement de personnes de cette même organisation politique».

D’ailleurs, Rajoy qui s’est engagé à «donner des explications le plus tôt possible sur ce cas gênant», avait promis de «garantir la stabilité politique pour ne pas mettre en danger le peu qu’il avait obtenu sur le terrain économique».

Le troisième motif avancé par Wilfred est «le défi séparatiste du nationalisme catalan». L’accord ne paraît pas possible mais personne ne «désire le choc frontal» entre le gouvernement central et celui de la Catalogne, observe-t-il.

En ce moment et sauf surprises, «il n’est pas prévisible que tombe le gouvernement de Rajoy et la stabilité politique du pays paraît être garantie», conclut le commentateur.

Mohamed Boundi
Periodista, doctor en sociología y ciencias de la comunicación de la universidad Complutense de Madrid. Corresponsal en España desde 1987, es licenciado en periodismo, investigador en ciencias sociales, opinión pública y cultura política. Publicaciones: “Marruecos-España: Heridas sin cicatrizar”, un estudio sobre la imagen de Marruecos y sus instituciones en la opinión pública española en momentos de crisis; “Sin ellas no se mueve el mundo”, un trabajo de terreno sobre la condición de las empleadas de hogar inmigrantes en España; “La mujer marroquí en la Comunidad autónoma de Madrid: convivencia y participación social”.

7 COMENTARIOS

  1. L’Espagne n’est pas l’Egypte. Seules à travers les urnes ou la justice l’actuel gouvernement risque d’être balayé du pouvoir. Les socialistes sont conscients de leur perte d’audience et incapacité de redresser la barre alors que le PP dispose d’une majorité sociologique stable. Ce qui est logique est que l’actuelle équipe au pouvoir et l’actuel état-major du PP présentent leur démission et disparaissent totalement de la scène. Autre chose, j’ai seulement traduit l’article du collègue Wilfrid Epinsa eu égard à son originalité. Mais dans le fond, je partage son opinion.

    • Oui et non, tout ce que vous dites est vrai et même désirable, mais les peuples et leurs gouvernements ne fonctionnent pas forcément suivant la logique des lois constitutionnelles.
      La preuve, en Espagne, c’est las cas particulier de la Catalogne qui organise un référendum indépendantiste considéré illégal par la Constitution et le Gouvernement espagnol. Si a la mi septembre un autre million de personne descendent dans la rue, comme l’année dernière, qui pourrait empêcher le referendum?
      L’Espagne a besoin d’une nouvelle constitution, plus proches des citoyens et le jour ou 6 ou 7 millions de personnes de déciderons a bloquer les villes, ne croyez vous pas que les partis politiques emboiterons le pas et approuverons l’établissement d’une assemblée constitutionnelle?

      Wait and see…

  2. Le gouvernement espagnol tombera, pas aujourd’hui ni demain, mais probablement avant la fin de l’année.

    Les raisons: la «comptabilité B» es t une comptabilité réelle, elle n’est pas sortie du chapeau d’un mage et n’est pas le fruit d’une pseudo invention de Barcenas.
    La PP s’est nourri durent des années, prés de 20, de fond illégaux. Bien sur il faudra le prouver, mais tour arrivera a son temps et les preuves affolerons peu a peu de même manière qu’il n’est pas possible de cacher le soleil avec un doigt.
    Lorsque Barcenas est entré en prison il a «lâcher» une première salve contre le PP, reconnaissant l’authenticité des fameux document de cette comptabilité B.

    La prochaine incarcération de son épouse (qui a moins de 10 jours pour trouver 10.000.000€ pour sa fiance et qu’elle ne pourra pas trouver car ses comptes son bloqué) l’obligera a sortir d’autres «papiers» et preuves de la corruption du PP.
    Barcenas expliquera d’ou viennent les 48.000.000€ qu’il a en Suisse et que jusqu’a présent il n’as pas put ou voulut expliquer.

    Le PP gouverne avec une majorités absolue, mais qui réellement n’a été obtenue qu’avec 45% des voix et qui n’est supportée actuellement que par moins de 25% de la population. L’ actuel gouvernement espagnol n’est qu’une statue au pied d’argile qui finira par tombé, par la pressions des gens dans la rue, l’opposition, le rejet des politiciens européens et la presse internationale.

    Il y a un dictons en espagnol qui dis: Blanco es y gallina lo pone…

    • Le cas Barcenas a mis à nu un parti qui se nourrit de la corruption et du mensonge. Ce qui est certain est qu’aujourd’hui, le PP jouit d’une confortable majorité parlementaire. Ce qui est étonnant est qu’il est appuyé par les hommes d’affaires, l’église et les catégories sociales conservatrices. Dans une autre démocratie occidentale, de tels comportements (Barcenas, enveloppes et gratifications illégales, financement illicite du pp) conduisent directement au banc d’accusés. Le PP est habitué à commercialiser une image de parti de la majorité. Peut-être il tire sa force des luttes intestinales au sein de la gauche. Rajoy n’a nullement l’intention de démissionner. En cas d’élections anticipées, encore une fois, la droite se mobilisera. L’opinion publique espagnole a une mémoire courte.
      Gracias pour le commentaire. Mohamed Boundi.

    • L’Espagne est un pays à part.
      Le Franquisme l’a plongé dans les tréfonds d’une droite récalcitrante et la «Transition» n’a fait que donner un aspect plus «correct» au système. Rappelez vous que Franco, Hitler et Mussolini étaient allié et partageait une idéologie commune. Les deux derniers ont perdus la guerre, l’autre l’a gagnée… et avec lui toute son oligarchie, Eglise, hommes d’affaires, conservateurs et un peuple soumis qui a une peur inconsciente d’une nouvelle guerre civile. L’Europe a encore un long travail de démocratisation à faire en Espagne.

      La transition n’a été possible que par la mort de Franco, son héritier, le Roi, a été élu par le dictateur et la démocratie n’est que le résultat des intérêts pour s’intégrer a l»Europe d’une droite ambitieuse, vicieuse et corrompue.

      Ce n’est pas la même droite qu’en France, fille du General De Gaulle, c’est une droite fille de Franco…

    • Mohamed Boundi

      L’Espagne, à la différence de certaines démocraties occidentales, est plongée dans un bipartisme larvé. En dépit des grands progrès économiques, réalisés grâce à la contribution des socialistes, la société espagnole demeure attrapée dans les griffes de la droite conservatrice. Le PP, symbole de cette droite, est admis comme une forteresse pour contrer la « marée rouge », selon l’expression des médias conservateurs. C’est la raison pour laquelle la majorité vote droite. Franco est mort en 1975, c’est vrai mais son esprit hante encore les consciences et nourrit les discours de la droite et de l’église. C’est la raison pour laquelle, la majorité gâte les poulains du PP, ferme les yeux sur leus erreurs et horreurs commises y comprise leur implication dans la corruption institutionnalisée. Le dernier baromètre du CIS confirme ce que je viens de dire puisque la majorité des personnes interviewées appuierait majoritairement les populaires en cas de l’organisation d’élections anticipées. Autre chose, bien qu’elle se considère un Etat laïc, l’Espagne est encore sous l’influence de l’église, de l’Opus Dei et des cercles économiques conservateurs. Rajoy ne tombera pas et les socialistes ne sont l’alternative souhaitée. En tout cas, c’est un coup dur pour l’image du pays d’avoir un chef de gouvernement qui recevait des gratifications sous la table et que son parti avait recouru à des entrepreneurs pour financer ses campagnes électorales. Je considère qu’un départ volontaire de Rajoy serait le meilleur cadeau à offrir à la société en ces vacances d’été.

    • Nous somes d’accord sur pratiquement tous les points de vues, sauf un, peut être: le gouvernement tombera, probablement, j’espère, par la pression populaire qui doit tout chambouler.
      Le véritable problème de l’Espagne est un faux problème de fond hérité de la guerre civile: Une gauche qualifiée de rouge et communiste et une droite fasciste et catholique.
      Seul le peuple peut tout remettre en ordre avec une nouvelle constitution, nettement plus participative, démocratique.
      Qui sait, peut être aurons nous l’heureuse surprise de voir les gens sortir d’une longue léthargie de près de 80 ans…

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