Sport: Peut-il un club marocain se permettre les services d’un Gareth Bale ?

Le football est le plus télégénique des sports pour le public marocain. Grâce à la proximité géographique de l’Europe, l’évolution de professionnels marocains dans les ligues du vieux continent et l’engouement pour la balle ronde, le football est considéré comme le « sport-roi » dans les médias nationaux.

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Cette grande passion n’est pas hélas accompagnée de trophées au plan international ni de bonnes prestations des clubs et de la sélection nationale en Afrique. L’évaluation du football marocain déborde le cadre de cette chronique mais il est utile d’attirer l’attention qu’en Europe ou en Amérique Latine, de nombreuses ligues vivent la même situation.

Comme dans la répartition du monde en G8, G10 et G20 selon le degré de développement économique, en football se produit la même catégorisation. Ceci signifie que dans le football, il y a des superpuissances et des puissances mondiales, avec de traditionnels champions aussi bien au niveau des clubs que des sélections nationales. Cette prémisse se justifie avant tout par le potentiel économique du club ou par la politique sportive mise au point par les pouvoirs publics de l’Etat. Derrière les titres et le bon spectacle footballistique qu’offrent le Barça, le Real Madrid, le Bayern de Munich, le Paris SG, le Chelsea, le Manchester United ou de l’Arsenal, il y a en fait une machine financière bien rouillée, un staff technique bien payé et un public au pouvoir d’achat élevé. C’est la raison pour laquelle, les multinationales se disputent toute parcelle dans les maillots des grands joueurs de ces clubs, le financement des contrats pharamineux de retransmission TV de la Champion´s League se négocient entre grandes banques et le ballet des joueurs talentueux devient l’affaire de grands groupes financiers. Cet été, le marché des transferts a battu des records avec plus de 2,16 milliards d’euros qui ont changé de mains en Europe. L’engagement de certains joueurs a déclenché un tollé général aussi bien dans les milieux sportifs, que politiques et sociaux. Le versement de 101 millions d’euros par le Real Madrid au Tottenham Hotspur Football Club pour emmener dans ses files le gallois Gareth Bale a, à ce titre, débordé les frontières séparant la raison et l’ambition.

Le montant engagé invite à une réflexion qui interpelle les décideurs politiques qui tolèrent de telles transactions qui créent un sentiment d’abattement, de découragement et démoralisation au sein de la population et des clubs. Au niveau sportif, ce montant est égal au budget du FC Valence au ranking des clubs de la Ligue espagnole de football (103 millions) et un peu inferieur à celui de l’Atlético de Madrid (120 millions). Il représente près de 20% du budget du Barça (470 millions) et près de 17% de celui du Real Madrid (517 millions d’euros) le club le plus riche du monde.

Gareth-Bale Sport: Peut-il un club marocain se permettre les services d’un Gareth Bale ?En Afrique, le montant du contrat d’engagement de Bale est cinq fois supérieur au budget du club le plus riche du continent, El Ahly (20,9 millions d’euros). Au Maroc, le budget du club le plus riche ne peut être, dans cette comparaison, retenu comme référence. Par conséquent, il serait illusoire de rêver voir un jour un Bale, Özil ou Fabregas courir sur les pelouses marocaines.

En reálité, Bale coûtera au Real Madrid près de 200 millions d’euros si l’on prend en considération ce qu’il va empocher le joueur sous forme de salaires. Pour certains medias espagnols, citant leurs homologues anglais, il toucherait près de 15 millions d’euros par an.

Derk Jan Eppink, un eurodéputé néerlandais a indiqué dans son compte Twitter qu’il allait porter le cas Bale devant le parlement européen. Selon lui, le contribuable européen ne doit pas financer un prêt que compte solliciter le Real Madrid auprès de Bankia, une banque qui a bénéficié de l’appui financier de l’Union Européenne. « Le contribuable européen paie trop du fait qu’un un prêt de 101 millions d’euros va dénaturer la compétition. Deutsche Bank ne peut jamais faire de même avec le Bayern », soutient l’eurodéputé. D’ailleurs, le Real Madrid est plombé par une dette de 600 millions d’euros.

Le quotidien le plus lu en Allemagne, Bild Zeitung, a violemment critiqué la conclusion du contrat de Bale. « Alors que le chômage des jeunes est de 50%, le Real Madrid paie pour Bale, de 24 ans, 100 millions d’euros, un acte qui ne peut être qu’absurde, pervers et sans mesure », écrit le journal.

Dans une chronique, le quotidien barcelonais El Mundo Deportivo, s’est demandé sur ce que peut-on financer en Espagne avec les 100 millions d’euros que le Real Madrid a déboursé pour Bale. Dans un exercice comparatif, le journal parle de l’achat de 30 unités du véhicule le plus cher du monde (W Motors Lykan Hypersports), de l’avion le cher de la planète (F/A-18 Hornet), construire entre 33 et 50 kilomètres d’autoroute, construire 33 kilomètres de voies ferrées pour le Train Grande Vitesse (AVE), 200.000 mètres carrés de routes, financer 1.600 cantines sociales, 20% du budget de la Croix Rouge européenne, couvrir les salaires de tous les clubs de première et deuxième divisions de la saison 2013-2014, acheter l’aéroport de Ciudad Real (fermé récemment pour déficit), ou sauver le Centre Supérieur de la Recherche Scientifique espagnol (CSIC) de la banqueroute.

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