Champions League: Le pouvoir économique espagnol contre la prudence allemande

Espagnols et allemands vont se voir les 23 et 24 avril loin des forums économiques pour mesurer cette fois leurs forces sur le plan sportif à travers les duels Barca-Bayern et Real Madrid-Borussia Dortmund pour le compte des éliminatoires en demi-finales de la Champions League. L’ironie du sort a voulu que soient confrontés les clubs de la première puissance économique d’Europe et ceux de la première puissance footballistique du monde. Si l’Espagne passe par une conjoncture difficile au plan économique, elle continue toutefois de dominer le football par le biais de deux équipes, le FC Barcelone et le Real Madrid, qui ont perfectionné à l’extrême la manière de jouer le football, de gérer leur patrimoine et de soigner leur image de marque. Derrière la qualification en demi-finales des quatre clubs, il n’y a pas seulement des joueurs talentueux ou un grand palmarès de titres. Ce sont des équipes qui tirent leur force du pouvoir économique.

Pour aider le lecteur à mieux comprendre les raisons qui ont conduit les quatre clubs à se disputer l’avant-dernière ronde de la Champions League, Periodistas-e.com s’est inspiré d’une étude élaborée par le quotidien économique espagnol Cinco Dias pour présenter les quatre clubs en lice.

Depuis vendredi dernier, Barca-Bayern et Real Madrid-Borussia sont les protagonistes de duels très passionnés à la hauteur de leurs ambitions. Remporter la Champions League ne va pas seulement supposer une grande dose de prestige au niveau international. Les quatre demi-finalistes en sont conscients puisqu’’ils avaient gagné au moins un titre continental. Toutefois, la récompense économique doit accompagner les succès d’ordre sportif. Pour avoir une idée, il suffit de rappeler que le Chelsea avait récolté 60 millions euros, la saison dernière, soit la prime la plus importante jamais remportée par un seul club grâce aux 30 millions obtenus des droits de retransmission de télévision qui lui correspondent pour appartenir au pays qui verse le plus pour la retransmission du tournoi.

Barcelone et Real Madrid ont gagné cette saison, pour être aux demi-finales, 25 millions euros chacun, grâce aux 8,6 millions euros en droits de retransmission de télévision garantis à tous les clubs, en plus des résultats de la phase de groupes et les primes de qualification durant les phases éliminatoires. Si les deux clubs réussissent à vaincre leurs rivaux allemands et jouent la finale, ils auront garantis autres 6,5 millions euros pour le vice-champion et 10,5 millions en cas de remporter la finale. En plus des droits de retransmission télévisuelle de 15 à 20 millions euros, le champion pourrait obtenir un total de 50 millions euros. Le Malaga, éliminé en quarts de finale, a 20,5 millions euros garantis pour son rendement sportif au tournoi européen en plus des droits de retransmission télévisuelle qui peuvent aller de 15 à 20 millions euros.

Sur les 700 millions euros que l’organisateur de la Champions League, l’UEFA, réunis sous forme de droits de retransmission télévisuelle et de contrats commerciaux, 530 sont repartis entre les clubs (75%). Un montant de près de 150 millions sera reparti entre les clubs qui disputent la deuxième coupe d’Europe. Le dernier champion, l’Atletico de Madrid, avait eu droit à 10 millions euros.

Les demi-finales du tournoi international de clubs le plus important de la planète place face à face trois colosses financiers (Real, Barca et Bayern) et une équipe en grande projection, le Borussia, qui a gagné deux ligues nationales après avoir été au bord de la disparition suite à une dure crise il y a sept ans.

Le Bayern de Munich n’est pas précisément un petit club économiquement parlant. Il traverse une bonne étape footballistique après avoir été proclamé champion de la Bundesliga et avoir éliminé le Juventus de Turin en quarts de finale. Ce club a clos son meilleur exercice financier en 112 ans. Il est le quatrième club du continent européen en termes de facturation derrière le Real Madrid, le Barca et Manchester United. Ses comptes se sont nettement améliorés grâce à sa bonne saison l’année dernière, lorsqu’il perdît la finale face au Chelsea. A la clôture de son dernier exercice financier, il a des actifs de 359,1 millions euros, un chiffre sensiblement inferieur à ceux des deux clubs espagnols. Ses dettes, estimées à moins de 49 millions euros, sont cependant très bas par rapport à celles de ces deux clubs.

Le Borussia Dortmund a réussi une extraordinaire résurrection du football européen. En 2005, il avait effleuré la banqueroute après avoir perdu 55 millions euros à cause d’une agressive politique de transactions de joueurs. Grâce aux efforts unis des citoyens, l’administration locale et la banque Morgan Stanley, il a eu droit à un prêt de 79 millions euros pour pouvoir sauver sa barque du naufrage. Huit ans plus tard, le club arrive aux demi-finales après avoir gagné trois championnats consécutifs de la Bundesliga et la Coupe d’Allemagne. Grâce à une politique très prudente de recrutements de jeunes joueurs, il a enregistré des dépenses nettes de 16 millions euros les sept dernières années pour renforcer ses rangs de nouvelles recrues. L’année dernière, ses recettes se sont accrues de 42% pour atteindre 315 millions euros. Il y a deux saisons, Borussia occupait le 16 ème rang à la table des clubs européens pour recettes.

Sur les quatre demi-finalistes, se pointent le Real Madrid et le FC Barcelone en tête des clubs aux plus importants revenus, selon une étude de Football Money League, élaboré par Deloitte, et cité par Cinco Dias dans son édition du weekend. Les deux clubs se distinguent par des comptabilités qui donnent du vertige à la mesure de leurs résultats et des prestations de leurs joueurs.

Le Real Madrid, deuxième à la ligue espagnole, a eu des recettes durant la précédente saison de 512,6 millions euros, soit une hausse de 7% en comparaison avec la saison 2010/2011. Ce montant est réparti entre les ventes de tickets d’entrée (126,2 millions euros), droits de retransmission TV (199,2 millions euros), droits publicitaires, parrainage et merchandesing (187,2 millions euros). Grâce à ces chiffres, le Real Madrid consolide pour la huitième année consécutive sa première place de club de football aux plus importantes recettes du monde, et le club espagnol qui compte plus de 500 millions euros de facturation en une seule saison.

Pour sa part, le FC Barcelone se maintient au deuxième rang des clubs du monde en termes de recettes pour la quatrième année consécutive. Ses revenus bruts ont augmenté de 7%, la saison dernière, pour atteindre 483 millions euros. Ils se repartissent entre les ventes de tickets d’entrées (116,3 millions euros), droits de retransmission télévisuelle (179,8 millions euros), droits publicitaires, parrainage et merchandesing (186,9 millions euros).

Les 20 clubs de football aux plus hautes facturations du monde ont accumulé plus de 4,8 milliards euros la saison précédente, soit une hausse de 10%. Pour la cinquième année consécutive, les six premières positions sont occupées par les mêmes clubs (Real Madrid, Barca, Manchester United, Bayern de Munich, Arsenal et Chelsea), dont trois vont disputer les demi-finales de la Champions League.

Ce n’est pas donc par hasard que le Real Madrid, le Barça, le Bayern et le Borussia disputent les places pour la finale de la Champions League.

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