En l’espace de cinq ans, l’Espagne est passée du peloton des 15 premières puissances économiques de la planète au statut du grand malade de l’Union Européenne (UE) battant tous les records négatifs de l’emploi et du déficit public.
Avec la célébration du 1er mai 2013, il est utile d’établir un état des lieux et tenter de comprendre les conséquences d’une crise économique qui a balayé en peu d’années les acquis d’une économie qui se considérait depuis l’adhésion de l’Espagne à UE en 1987 comme un modèle de développement économique performant. Désormais, le même modèle est mis en cause et de pressants appels insistent sur sa reconversion avec pour priorité l’abandon du bâtiment comme locomotive de la croissance économique et la pleine adhésion à une économie basée sur les Techniques de Télécommunications et Information (TIC). Depuis l’effondrement de l’industrie de la « brique » en 2007, l’Espagne est victime d’une série de mauvaises nouvelles qui ont transformé les mentalités des citoyens, amoindri les chances des jeunes à un futur plus sûr et élargi les délais de récupération du marché de l’emploi.
Il suffit uniquement de signaler que le taux d’activité économique est passé en 2007 de 3,5% à moins de 1,4% en 2012. Cet indice a eu un effet boomerang entrainant dans sa chute une profonde crise de l’emploi. En cinq ans, le taux de chômage, qui était de 8,6% en 2007 a atteint, fin décembre dernier, 26,02% avec 5.965.400 personnes sans-emploi. D’une grande destination des immigres de tous les continents, l’Espagne souffre désormais de l’émigration de ses jeunes. Au moins 114.000 espagnols hautement qualifiés avaient abandonné le pays en quête d’opportunités d’emploi sous d’autres cieux. Jeudi dernier, les statistiques officielles rendues publiques ont surpris par les alarmantes données sur le marché du travail qui laissent perplexes tout observateur objectif. Le chômage bat tous les records que personne ne pouvait imaginer il y a seulement quelques années : 27,1% de la population active sont actuellement sans emploi, soit une grande perte pour la trésorerie de la Sécurité Sociale, d’éventuelles difficultés à l’avenir pour la qualité des services sociaux.
De ce fait, la comptabilité de la Sécurité Sociale dégage un solde négatif de plus de dix milliards d’euros, contre un excédent de quatorze milliards d’euros en 2007 en termes de cotisations des travailleurs. Autre élément à prendre en considération est le recul des recettes de l’Etat qui se traduit par un déficit public de 6,98% en 2012 alors qu’en 2007 le Produit Intérieur But (PIB) de l’Espagne avait progressé de 2,2%. Selon les prévisions du gouvernement, ce taux sera ramené à 6,3% alors que l’UE exige qu’il soit égal à 4,5%. La dette publique s’est, pour sa part, située à 84,2% du PIB fin 2012, face à 36,3% en 2007. Le volume de cette dette s’est accru de 14% alors que le taux de dette par rapport au PIB a progressé de 31,2%, note une étude du Strategic Research Center de EAE Business School, citée mardi par le quotidien économique espagnol Cinco Dias. Actuellement, la dette publique de l’Espagne atteint 921,343 milliards d’euros (90,69% du PIB) et la dette publique per capita est 19.919 euros, explique la même étude. en 2017, l’Espagne aurait un taux de dette publique sur le PIB de 101,18%.
Pour avoir une idée de la récession et de ses conséquences, il est aussi nécessaire de faire état de la fermeture de 1,9 millions de Petites et Moyennes Entreprises (PME) depuis 2007. Durant l’année dernière, 391.270 PME avaient déposé le bilan et 376.945 autres avaient fait de même en 2011 pour manque de prêts et baisse de la consommation à cause du chômage, selon la fédération des PME (CEPYME).
Pour ces motifs, les centrales syndicales de gauche en Espagne, Comissions Ouvrières (CC.OO) et Union Générale des Travailleurs (UGT) ont publié un manifeste dans lequel elles critiquent les politiques de l’UE. Ces politiques se sont soldées avec « un retentissant échec : plus de chômage, plus de dérégulation du marche du travail, plus de privatisations et plus de crise sociale et politique ». C’est pour cela, signale le manifeste, « l’immense majorité de la société paie les conséquences ».