L’Islam n’est pas uniquement une religion de rites sinon un complet style de vie qui contemple un ensemble de règles et principes régissant tous les aspects de la vie quotidienne du musulman.
Du point de vue religieux, toute activité humaine peut être considérée comme une forme d’adoration, et, manger en est une des plus importantes. C’est la raison pour laquelle les musulmans suivent un strict code qui réunit toute l’information nécessaire sur les aliments dont la consommation est permise et sur la manière à suivre dans leur manutention.
Cette réflexion est tirée de l’introduction d’un ouvrage, intitulé à Madrid (trad.) «Aliments Halal, manuel de processus industriels appliqué à la production d’aliments Halal» (Ed. Diwan, 2012, Madrid), de Yaisa Marrugo Jimenez, une musulmane d’origine colombienne qui réside à Mexico à l’issue d’un long périple dans certains pays musulmans telles la Syrie et la Turquie.
L’ouvrage (223 pages) vient combler un grand vide en matière d’études sur la consommation d’aliments Halal et sert de manuel pour les millions de musulmans citoyens des sociétés occidentales. D’une facile lecture, l’ouvrage regorge de données scientifiques et techniques sur la manutention des produits alimentaires, les espèces aptes à la consommation et les techniques de leur sacrifice à des fins de consommation dans les milieux musulmans. L’auteur, une technicienne en processus alimentaires et experte-chercheur en aliments Halal, s’est appuyé sur l’exégèse et les grands débats entre les animateurs des quatre rites musulmans, les érudits et philosophes arabo-musulmans concernant la consommation de produits alimentaires. Marrugo Jimenez a spécialement exploré les manuscrits andalous et d’autres dans les pays arabes se référant à la gastronomie, la médecine, la santé de l’homme et l’attitude de la chari’â à l’égard de la consommation de certaines espèces animales, de la volaille et des produits de la mer.
L’auteur justifie la consommation d’aliments Halal par l’essence même de l’Islam dont les principes de survie et conservation de la santé constitue «la pierre angulaire sur laquelle se construit la croyance et l’adoration». De là, vient la préoccupation du musulman selon laquelle la consommation d’aliments Halal représente une obligation et pour ceux qui ne l’est pas, la garantie d’un haut degré de qualité. Selon le Coran, tout aliment d’origine animal ou végétale, propre ou sale est considéré comme Halal, à l’exception de ceux qui sont expressément interdits selon la chari’â et la sounna. Sur la base de ces deux sources, l’auteur a reproduit une classification des aliments en accord avec leur niveau de permissibilité: Halal (permis ou licite), Haram (interdit ou illicite), Machbouh (mis en doute, c’est-à-dire fait l’objet d’opinions différentes entre juristes), Makrouh (déconseillé), Mandoub (recommandé par le Coran et la Sounna), Moubah (autorisé mais selon le goût du musulman). De ces degrés de consommation, le Halal et le Haram est clairement défini dans le Coran dans de nombreux verstes.
La grand partie des restrictions de caractère alimentaire, qu’observent les musulmans, affecte les produits d’origine animale, spécialement les terrestres. De même, il existe l’obligation de sacrifier de manière humanitaire les bêtes destinées à l’approvisionnement en produits consommables. Aussi bien pour la loi coranique que pour la législation sanitaire, le sacrifice de l’animal est un des points les plus sensibles que possède la chaîne de production de viande. Dans ce contexte, seuls pourront être admis pour le sacrifice les jeunes animaux qui sont physiologiquement sains et ne souffrent aucun type de défaut ou incapacité physique.
Le sacrifice doit être réalisé par un musulman et la viande devra être soumise, par la suite, à un processus de maturation.
Pour la commercialisation de la viande Halal, cinq étapes doivent être strictement suivies: poser dans un endroit visible l’étiquette et le cachet d’identification du produit Halal; emmagasiner ce produit séparément de ceux non Halal; garantir la traçabilité des processus de conditionnement, d’étiquetage et de stockage; supervision de la part d’un inspecteur musulman assermenté; les produits destinés à l’exportation devront être accompagnés d’un certificat Halal délivré par l’autorité compétente.
L’auteur a d’autre part passé en revue les opinions de juristes musulmans en rapport avec le degré de légitimité du point de vue islamique de la consommation de poisson et fruits de mer.
Pour Abou Hanifa, il est licite de manger des animaux aquatiques pisciformes, anguilles et congres et tous les poissons trouvés morts sauf ceux qui flottent sur l’eau. L’imam Malik affirme que sont licites toutes les créatures marines alors qu’Ibn Hanbal observe qu’il est interdit de manger les poissons anguilliformes pour être dégoûtants. Chafi’î qualifie d’illicites les poissons de grande taille qui devront être égorgés.