EEAU: la lutte contre le terrorisme est une responsabilité collective.

Le terrorisme et l’extrémisme sont deux phénomènes interdépendants qui exigent une mobilisation généralisée de la part de la communauté internationale. Aucun Etat ne peut prétendre qu’il est à l’abri du terrorisme ni dispose de la formule définitive pour l’enrayer.

Anwar Gargash, ministro de Asuntos Exteriores de los Emiratos Árabes Unidos, en el Consejo de Seguridad de Naciones Unidas.

 

Cette réflexion est venue à plusieurs reprises comme un leit motiv dans les conférences de presse de plusieurs ministres au gouvernement de l’Etat des Emirats Arabes Unis (EEAU), à Abou Dhabi, durant leurs rencontres avec la presse internationale qui couvre les festivités marquant la 44e journée nationale (fête nationale).

Bien qu’il soit communément admis que l’EEAU se distingue au Proche Orient comme étant un pays modèle en termes de développement et de sécurité, les autorités émiraties affirment que la lutte contre le terrorisme est l’affaire de tous. C’est la raison pour laquelle, elles insistent sur la solidarité à l’égard des pays victimes des récents attentats terroristes ainsi que sur la coordination des stratégies de lutte contre ce phénomène. Il n’y a pas seulement l’approche sécuritaire dans la persécution des auteurs des attentats ou auteurs de voitures piégés. Les politiques de lutte contre le terrorisme doivent aussi prendre en considération les menaces de l’extrémisme, qui est en même temps synonyme du terrorisme.

En termes clairs, Anouar Gargash, ministre d’Etat aux affaires étrangères, a présenté le diagnostic du monde arabe qui est actuellement à la merci d’une tension chronique. Il a signalé, à cet égard, le rôle que joue l’organisation terroriste DAESH (traduction du sigle ISIS : Etat Islamique d’Irak et du Levant) dans la déstabilisation de la région pour affecter directement au moins quatre Etats. « Nous nous trouvons réellement en face d’une série de défis à relever », a-t-il dit. En détail, il a expliqué que « la question palestinienne est sans solution à court terme » ; le futur de la Syrie passe par « la solution politique » ; la Libye est appelée à mettre sur pied une armée nationale ; l’action de la Coalition Internationale en Irak n’a pas encore donné de résultats positifs. Au Yémen,  a-t-il poursuivi, le monde arabe doit relever trois défis. D’abord, l’extrémisme et le terrorisme à long terme ne peuvent être éliminés à court terme du fait qu’il s’agit d’un « phénomène générationnel ». « Nous considérons que le terrorisme et l’extrémisme sont interdépendants », a-t-il dit déplorant le fait que les stratégies mises en place « visent les combattants des organisations terroristes et non leurs émirs ». Ensuite, les interventions étrangères dans le monde arabe sont une grande menace pour sa solidarité, son identité et l’indépendance de sa décision politique. La Turquie et l’Iran sont deux voisins  incontournables mais les valeurs et fondements du monde arabe doivent être scrupuleusement respectés, a dit Gargash. Enfin, le désordre et la confusion doivent être maitrisés dans le monde arabe.

Selon le chef de la diplomatie émiratie, les lectures arabes du « printemps arabe » ont été politiques sans se préoccuper de la lecture sociologique dans l’analyse des évènements qui avaient secoué la région arabe. D’ailleurs, a-t-il observé, les mouvements islamistes se sont emparés des revendications sociales pour convoiter le pouvoir.

Pour le ministre d’Etat, président du Conseil d’Administration du Conseil Supérieur de Communication,  Soltane al Jaber, l’EEAU est une « terre de tolérance, d’ouverture et de cordialité ». La réussite du modèle émirati est le résultat de plusieurs facteurs dont le développement humain et économique, la stabilité et la sécurité, enfin, l’investissement et l’éducation.  Parallèlement à la marche de développement, l’EEAU « lutte contre le terrorisme et dénonce toutes ses formes », a dit Al Jaber. Le terrorisme, qui est contraire à l’islam, se nourrit de la destruction et sème le désordre. Il a cependant appelé à « une solution politique » de la question du Yémen, le retour à la légalité et la restauration de la justice dans ce pays. « Il n’y a aucune justification du recours au terrorisme », a proclamé Al Jaber.

Pour le président exécutif du Centre Hedaya, Maqsoud Kruse, l’éducation est la culture sont d’efficaces instruments de lutte contre le terrorisme. « L’Etat ne peut tout seul assumer cette mission mais doit être épaulé par l’action du prédicateur, de la mosquée, des enseignants, des medias, des forces de sécurité et de l’université », a-t-il expliqué. Condamnant l’exploitation par DAESH des mineurs dans ses  propagandes, il a affirmé que cette organisation terroriste « n’est pas apte à agir et parler au nom des musulmans ». Kruse s’est pourtant déclaré optimiste devant la prise de conscience  de la menace des combattants et mercenaires de DAESH en rappelant que depuis les derniers attentats terroristes à Paris, le Coran est le livre le plus vendu. « Les français l’achètent pour comprendre l’islam et ce que contient ce livre », a-t-il noté.

L’EEAU vit au rythme des fêtes pour commémorer le 44e anniversaire sa création. Il a aussi célébré lundi, pour la première fois, la « journée du martyr » en mémoire des militaires tombés sur le champ d’honneur ou dans des opérations de paix hors du territoire nation. Une minute de silence a été observée dans l’ensemble du pays et plusieurs festivités sont organisées avec la participation de la population, la société civile et autorités.

 

Mohamed Boundi
Periodista, doctor en sociología y ciencias de la comunicación de la universidad Complutense de Madrid. Corresponsal en España desde 1987, es licenciado en periodismo, investigador en ciencias sociales, opinión pública y cultura política. Publicaciones: “Marruecos-España: Heridas sin cicatrizar”, un estudio sobre la imagen de Marruecos y sus instituciones en la opinión pública española en momentos de crisis; “Sin ellas no se mueve el mundo”, un trabajo de terreno sobre la condición de las empleadas de hogar inmigrantes en España; “La mujer marroquí en la Comunidad autónoma de Madrid: convivencia y participación social”.

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