Etude: du piège de l’austérité à celui de la pauvreté en Espagne

L’Europe risque d’avoir 25 millions de personnes de plus démunies de moyes de subsistance ou pauvres à l’horizon de 2025, dont huit millions uniquement en Espagne.

banco-alimentos-madrid Etude: du piège de l’austérité à celui de la pauvreté en EspagneActuellement, il existe dans le vieux continent 121 millions de personnes dites pauvres. Comme prévision, l’Espagne pourrait récupérer dans 25 ans le niveau de vie dont jouissaient ses habitants avant le déclenchement de la crise économique, en 2007. Ce diagnostic sera réel au cas où sont maintenues les politiques d’austérité appliquées par les gouvernements, selon les conclusions tirées du dernier rapport annuel de l’ONG Intermón Oxfam, intitulé « Le piège de l’austérité. Le véritable coût des inégalités en Europe ».

Les programmes d’austérité en Europe ont conduit au démantèlement des mécanismes qui réduisent les inégalités sociales et rendent possible une croissance équitable. Avec l’augmentation des inégalités et de la pauvreté, l’Europe est confrontée à une nouvelle « décennie perdue » observe Intermón Oxfam qui relève que si les mesures d’austérité suivent le même rythme, il y aurait en 2025 entre 15 millions et 25 millions d’européens qui seraient soumis à la pauvreté. Cette situation, rappelle l’ONG, est similaire à d’autres vécues par le passé dans d’autres régions du monde. Il existe de « claires ressemblances entre ces programmes d’austérité et les ruineuses politiques d’ajustement structurel imposées en Amérique Latine, en Asie de l’Est et en Afrique subsaharienne dans les décennies de 1980 et 1990. « Ces politiques furent un échec », soutient l’ONG qui note, dans un ton sarcastique, qu’il s’agissait d’un traitement par lequel les gouvernements, qui prétendaient soigner la maladie, tuaient le patient. Ceci ne doit se répéter, affirme Oxfam qui appelle les gouvernements européens à abandonner les politiques d’austérité en optant, en échange, pour la voie conduisant à une croissance y compris à des mécanismes au service des personnes, des communautés et de l’environnement

Il est possible de donner une impulsion à un nouveau modèle de prospérité. En investissant dans les hôpitaux, l’habitat, la recherche et la technologie, des millions de citoyens auraient l’opportunité de reprendre leur travail et serait possible la récupération d’une économie durable, lit-on dans le rapport. Toutefois, au cas où ne sont pas corrigées, les politiques d’austérité pourraient créer de nouveaux pauvres (entre 15 et 25 millions en 2.025 dont), met en garde le rapport d’Oxfam qui a été présenté, jeudi à Madrid, lors d’une conférence de presse, à la veille de la réunion des ministres d’économie de l’Union Européenne a Vilnius (Lituanie). L’étude révèle que les mesures d’austérité mises en marche ont conduit à davantage de pauvreté et d’inégalité. L’Europe risque de supporter pour deux décennies encore ces politiques avant de reprendre les mêmes indices de croissance qu’en 2008.

« La manière avec laquelle l’Europe gère la crise économique risque d’altérer des décennies de progrès en matière de droits sociaux. Les agressives réductions qui ont touché la Sécurité Sociale, la santé, l’éducation, les droits des travailleurs à côté de la persistance d’un système fiscal injuste ont placé les citoyens européens dans le « cercle vicieux de la pauvreté » qui pourrait durer encore pour des générations », commente Teresa Cavero, directrice des éludes à l’Intermon Oxfam.

L’Espagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni, dont les gouvernements appliquent d’implacables mesures d’austérité, seront bientôt classés parmi les pays aux hauts niveaux d’inégalités du monde si leurs leaders ne changent pas de direction, ajoute l’experte d’Oxfam. A titre d’exemple, la brèche entre les personnes riches et celles dites pauvres au Royaume – Uni et en Espagne pourrait être comparée à celle de la République du Soudan du Sud ou du Paraguay, note-t-elle.

Intermon Oxfam propose comme “autres options” aux responsables européens et ministres des finances de l’UE d’abandonner l’austérité et explorer d’autres modèles de croissance sociale et économique qui investissent dans les personnes, renforcer la démocratie et appliquer un système fiscal juste. Les gouvernements pourraient obtenir des millions d’euros pour les services publics telles la santé et l’éducation en augmentant les impôts pour les citoyens les plus riches en combattant l’évasion fiscale, régulant le secteur financier et évitant de futures crises.

Les auteurs du rapport se sont basés, dans l’élaboration de leur rapport, sur la définition officielle de l’UE du concept de « pauvreté ». En 2011, il y avait 121 millions de personnes se trouvant dans le risque de souffrir de la pauvreté, soit 24,3 % de la population européenne. L’Institute For Fiscal Studies avait prédit qui si les mesures d’austérité se poursuivent au même rythme qu’aujourd’hui, le taux de pauvreté au Royaume-Uni augmentera entre 2.010 et 2.012 de 2,5% à 5% au sein des différents groupes d’âge. Si le niveau de pauvreté augmente en UE de 3% au cours des 12 prochaines années (jusqu’à 2015), le nombre de personnes en risque de pauvreté accroîtra de 14.963.000. Si le taux de pauvreté avance de 5%, ceci supposer une progression de 24.939.000 personnes.

Depuis le début de la crise, les salaires réels au Royaume-Uni et au Portugal, par exemple, ont diminué de 3,2% entre 2010 et 2012. Au Royaume-Uni, la valeur réelle des salaires se situe aux niveaux de 2003, ce qui suppose une décennie perdue pour le travailleur moyen. Aussi bien en Italie qu’en Espagne et en Irlande, les salaires réels ont également diminué. En Grèce, ceux-ci ont régressé de plus de 10%.

Mohamed Boundi
Periodista, doctor en sociología y ciencias de la comunicación de la universidad Complutense de Madrid. Corresponsal en España desde 1987, es licenciado en periodismo, investigador en ciencias sociales, opinión pública y cultura política. Publicaciones: “Marruecos-España: Heridas sin cicatrizar”, un estudio sobre la imagen de Marruecos y sus instituciones en la opinión pública española en momentos de crisis; “Sin ellas no se mueve el mundo”, un trabajo de terreno sobre la condición de las empleadas de hogar inmigrantes en España; “La mujer marroquí en la Comunidad autónoma de Madrid: convivencia y participación social”.

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