2e rencontre du Réseau des Femmes Latino-Américaines et des Caraïbes en Espagne: agir en faveur d’une citoyenneté universelle.
La 2e rencontre du Réseau des Femmes Latino-Américaines et des Caraïbes en Espagne se tient à Madrid les 28 et 29 juin sous le thème «Femmes migrantes partageant des stratégies : agir face à la crise pour une citoyenneté universelle».
La rencontre a pour objectif «fondamental» de «partager nos expériences de vie en tant que femmes migrantes dans l’actuel contexte de l’Etat espagnol», ont indiqué a Periodistas-e.com des membres du comité d’organisation.
Devant la préoccupation pour le contenu des discours et politiques publiques qui se succèdent tout en «ignorant les droits fondamentaux» des personnes, «nous aspirons à travers cette rencontre à rendre plus visible notre rôle proactif dans cette société où nous exerçons notre citoyenneté», ont ajouté les mêmes sources. En tout cas, poursuivent-elles, c’est «ici où nous partageons ensemble les soucis de tous les jours, nous avons notre foyer et nos attaches, et, c’est ici aussi que nous avons nos objets personnels et nos racines».
La rencontre vient à point nommé puisqu’elle se tient à un moment où l’Espagne, pays d’accueil, traverse une crise multiple avec de graves problèmes de gestion financière, un haut taux de déficit public et un grand manque de ressources. La crise est utilisée, dans cette circonstance comme un argument pour » torpiller les droits fondamentaux, générer des situations d’exclusion sociale, limiter l’exercice de citoyenneté et de démocratie, et, pousser à l’extrême la vulnérabilité des personnes en situation irrégulière».
Conscientes des effets de la crise sur la population étrangère, des membres du comité d’organisation ont confié à Albayane qu’elles savaient que «les conséquences des ajustements structurels introduits par le gouvernement espagnol nous affectent doublement pour être femmes et migrantes en nous plaçant dans une position d’inégalité». Pourtant, celles-ci ne cessent de contribuer à la prospérité de la société d’accueil. A titre d’exemple, elles citent le fait d’ «occuper des espaces de difficile couverture au marché du travail, tel le travail des soins que le patriarcat a toujours ignoré».
A l’issue de trois mois de concertations et de confrontation d’idées entre des femmes de différentes ethnies, races et cultures et en collaboration avec le Réseau des Femmes Latino-américaines et des Caraïbes en Espagne, il a été possible de mettre sur pied une plateforme qui s’est chargée de l’organisation de leur deuxième rencontre. Trois objectifs y sont visés. Il s’agit de créer un espace de rencontre pour réfléchir sur la migration et la citoyenneté dans l’espace de l’Etat espagnol ; partager et rendre visibles les stratégies et actions menées jusqu’à présent pour affronter la crise à partir de la citoyenneté des femmes ; enfin, construire et intersectionner un agenda commun avec le Réseau des Femmes Latino-américaines des Caraïbes en Espagne.
La rencontre sera l’occasion de permettre, au premier jour (28 juin), aux organisations de femmes de diverses origines et tendances de participer à un espace de dialogue et suivre un enregistrement-vidéo intitulé «Voix de femmes migrantes». La deuxième journée (29 juin) est conçue sous forme de grand espace d’analyse et de réflexion sur la citoyenneté et les droits des femmes. Quatre séances de travail (ou tables rondes) sont également prévues pour débattre des «droits sociaux» (santé universelle, violence de genre et délogements forcés pour défaut de paiement d’hypothèques) ; «droits du travail et emploi» (femmes comme chef de famille, femmes de ménage, femmes entrepreneurs) ; «politiques migratoires» (intégration et convivialité, Centres d’Internements d’Etrangers, hospitalité, irrégularité accidentelle, racisme et xénophobie).
L’initiative du Réseau des Femmes Latino-Américaines et des Caraïbes est significative dans la mesure où une organisation sociale à des fins non lucratives et aux ressources très limitées, ait réussi à organiser une rencontre en un moment où l’administration publique a drastiquement diminué les subventions accordées à ce type de manifestations. De même, la rencontre intervient en une phase cruciale du marché du travail avec des taux de chômage de 27,16 % au niveau national (premier trimestre de 2013) mais qui atteignent 39,21% pour les immigrés. Ceci démontre la précarité dont souffre le collectif des 4.976.000 résidents étrangers (de plus de 16 ans), dont 3.321,2 actifs (2.018.900 occupés et 1.302.300 en chômage). Il y a aussi 3.170.000 parmi eux qui comptent plus de sept ans de résidence et 1.210.00 entre quatre et six ans de résidence, soit 88% du total des immigrés alors qu’à peine 83.000 étrangers recensés étaient arrivés en Espagne en 2012. Ces statistiques, puisées dans la banque de données de l’Institut Espagnol de la Statistique, démontrent le degré de l’enracinement des immigrés en Espagne qui cotisent depuis longtemps à la Sécurité Sociale (1.630.38 dont 3774.704 de femmes) mais souffrent actuellement des affres de la récession.