Augmentation en Espagne des chômeurs chroniques et de ménages soutenus économiquement par des retraités
Les conséquences de la récession économique en Espagne sont palpables à plusieurs niveaux et affectent principalement le bien-être social des catégories sociales les plus vulnérables. Loin des grands débats politiques autour les récentes déclarations de l’ex-président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, manifestant son désaccord avec la politique fiscale de Mariano Rajoy, l’impact de la crise est réellement fort pour les chômeurs et les retraités. Ce sont deux catégories sociales qui assument avec stoïcisme les affres de la crise. S’appuyant sur des données fiables, puisées dans les statistiques d’institutions publiques, il paraît clair que ces deux catégories sociales sont un exemple à citer pour expliquer comment la crise est devenue impitoyable avec les maillons faibles de la société.
Toutefois, et en dépit des informations sur la chute de la productivité et de la croissance économique, l’Espagne compte encore 16.232.352 travailleurs en activité qui cotisent à la Sécurité Sociale (dont 193.086 marocains sur un total de 1.619.275 étrangers). Bien que l’économie espagnole se maintienne parmi les plus fortes de l’Union Européenne, ces catégories ont dû payer les conséquences des mesures drastiques dictées par les institutions financières internationales et du redressement budgétaire pour juguler le déficit public.
Progression de plus de 48% des chômeurs chroniques:
A fin 2012, le nombre de personnes en chômage depuis trois ans était de 1.047.300 personnes enregistrant une augmentation de 48,6% par rapport à 2011. Il s’agit d’une donnée tirée des résultats de l’Enquête sur la Population Active (EPA), rendus publics mercredi dernier par l’Institut Espagnol de la Statistique (public). Ce chiffre représente 19,8% de l’ensemble des chômeurs avec expérience, soit 4% de plus en comparaison avec 2011. L’EPA précise d’autre part que parmi les chômeurs recensés en 2012, il y avait 5.293.000 personnes qui exerçaient antérieurement un emploi. Ceci signifie que la cause de l’abandon du travail était soit l’extinction d’un contrat de travail pour 2.673.500 personnes (50,5% du total) soit la suppression du poste d’emploi pour 1.110.400 personnes (21% des chômeurs avec expérience professionnelle).
Augmentation de près 200% des ménages soutenus économiquement par des retraités:
L’Espagne compte actuellement 420.000 ménages, dont au moins un membre au chômage, qui survivent grâce à la pension d’un retraité. En 2007, ce chiffre était trois fois inferieur (150.000), retient une étude intitulée «L’impact de la crise sur les conditions de vie des personnes âgées», préparée par la Fondation 1 er Mai, relevant de la centrale syndicale Commissions Ouvrières (CC. OO).
Il y a quelques années, le pourcentage de ménages victimes du chômage qui étaient soutenus économiquement par une pension d’un retraité atteignait à peine 3,6%. Actuellement, cette proportion est passée à 9%. «Cette donnée démontre à tel point l’importance attribuée aux pensions de retraite est devenue un élément clé pour faire face au risque de pauvreté», signalent les auteurs de l’étude. L’Espagne compte plus de huit millions de personnes touchant une pension dont 5,4 millions sont des retraités.
D’après des statistiques de la Sécurité Sociale d’Espagne, trois quarts du total des personnes touchant une pension (73%), ont des revenus inferieurs à 15.400 euros bruts par an. Ce montant est inferieur du rang des salaires les plus bas au marché du travail. A titre d’exemple, le salaire d’un travailleur en activité sans études est estimé à 15.479 euros bruts, selon l’Institut Espagnol de la Statistique. Les revenus de la majorité des personnes touchant une pension (plus de 3,5 millions) oscillent entre 500 et 900 euros bruts mensuellement, ce qui signifie que près de deux millions d’entre eux ont des pensions inferieures au salaire minimum interprofessionnel (645 euros mensuels). Il y a aussi un tiers de ces personnes qui ont une pension 16.800 euros bruts.