Concilier communauté humaine et intérêts

Conférence d’Oman sur le développement des sciences de la jurisprudence

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Séance d’ouverture de la Conference de Mascate.

Une pléiade de docteurs de la loi, mouftis, universitaires et chercheurs musulmans se concertent à Mascate (Oman), depuis dimanche, dans le simple objectif d’unifier les interprétations qui se font de la charia en un crucial moment que vivent plusieurs parties du monde arabe. L’idée centrale des communications faites, dimanche et lundi, insiste sur la prééminence du coran comme source fondamentale de la vie du musulman du fait que l’islam, depuis sa naissance, prêche le respect de la diversité et de la différence.

Réunis dans le cadre de la 13e « Conférence sur le développement des sciences de la jurisprudence islamique » (6-9 avril), à l’initiative du ministère omanais des habous et affaires religieuses, les 350 participants discutent précisément de « la jurisprudence islamique : communauté humaine et intérêts », thème principal de la conférence.

Il suffit de repasser les titres des communications programmées de 70 chercheurs et académiciens pour se rendre compte de la préoccupation des érudits, savants et mouftis de l’importance de préserver la foi des égarements et déviations dans l’interprétation de certaines valeurs qui ont fait de l’islam une religion de tolérance, de paix et de coexistence. La conférence d’Oman vient à point nommé du fait que des pays arabes, tels la Syrie, l’Irak et le Liban sont actuellement le théâtre de confrontation entre des mouvements extrémistes, courants idéologiques obscurs et alliances occultes au nom des mêmes valeurs.

L’Islam encadre le système social

La conférence obéit à une dynamique conçue comme étant le résultat de l’accumulation d’un grand savoir réuni depuis la première édition en 2002. Plusieurs facteurs sont intervenus cette année dans le choix du thème « Le fiqh : communauté humaine et intérêts ». Il était indispensable de repenser la terminologie usitée compte des nouveaux impératifs d’ordre politique, doctrinal et géopolitique. Il a fallu, en même temps, rappeler les attentes de la majorité des citoyens qui aspirent voir leurs peuples jouir des bienfaits de l’égalité, de la justice, des droits humains et de l’esprit de tolérance dans la communauté humaine. Ce sont des principes qui sont cités essentiellement parmi les valeurs que prêche l’islam. Les fidèles s’interrogent en même temps sur le droit à la différence dans l’explication de ces valeurs ainsi sur la différence quant au mode de leur application entre les sociétés musulmanes et occidentales et leur discernement au niveau des ONG des droits de l’homme.

A la lumière de ces sollicitations, la conférence se propose de contribuer à faire connaître la prépondérance de l’islam d’aboutir au système convenable pour l’adaptation de ces valeurs à la réalité de la société musulmane. Elle contribue, à la lumière du contenu des communications présentées, à remettre en cause une abondance d’études juridiques écrites dans un esprit figé et basé sur la narration historique, les expériences personnelles et omettant l’analyse scientifique et critique des différents concepts. Dans cette circonstance, ont mis en garde les intervenants, surgit le risque pour une grande majorité de fidèles de tomber dans les fausses interprétations personnelles de ces valeurs, la manipulation et l’intoxication.

Le but de la conférence, comme l’ont signalé certains orateurs, est de présenter des résultats concrets de leurs travaux et contribuer au rapprochement entre les différents points de vue proposés.

Les conclusions à atteindre seront finalement un ensemble de points de vue qui conduisent à une même idée qui rendra finalement plus facile la compréhension de ces valeurs ainsi que leur application à la vie quotidienne.

Le fiqh et l’égalité dans l’islam

La jurisprudence a dominé la conférence à tel point que la plupart des communications se sont limitées à traiter des aspects du fiqh qui unissent les docteurs de la loi islamique. Les six sous-thèmes retenus le démontrent amplement : « terminologie et concepts juridiques », « égalité et jurisprudence islamique », « jurisprudence des droits de l’homme », « la communauté humaine chez les oulémas », « la jurisprudence de la communauté humaine dans le cadre de la politique législative », et « fiqh et patrimoine du droit international ».

Comme l’a expliqué dans une conférence de presse, le vice-président de la commission d’organisation, Salem Ben Hilal al Kharoussi, l’islam a encadré le système social dès la création de son premier Etat à Médine. Il a également instauré les fondements de l’Etat moderne sur quatre piliers : l’égalité, la shoura (concertation) la justice et les droits humains, a-t-il ajouté.

Au niveau des études spécialisées modernes, les oulémas ne se sont pas mis d’accord sur la dénomination de ces principes. Certains les désignent comme « la morale de la politique islamique » et d’autres les considèrent comme des « idées politiques islamiques ». La société, par contre, est unanime d’admettre que ces quatre principes font partie des valeurs que l’islam a codifiées et que les oulémas, plus tard, les ont expliquées durant les quatorze derniers siècles.

Les termes « communauté humaine », thème de la conférence, signifient tous les éléments que partagent les sociétés et communautés humaines nonobstant la patrie, la confession ou le système politique.

Le Pr Ahmed Yahya Al Kindi, qui a parlé de « l’égalité dans le droit musulman public », a fait allusion aux durs moments que traverse le monde musulman dans l’application de ces principes.

La conférence de Mascate a réussi à réunir des musulmans de toutes les nationalités, un geste qui témoigne de l’application sur le terrain les principes de tolérance que prodiguent l’islam et ne nécessitant nulle jurisprudence pour les mettre en valeur. De même, le grand hôtel, siège des séances, s’est converti en un grand espace de convivialité, de tolérance et de confraternité entre musulmans venus du monde arabe, d’Iran, de Russie, de pays musulmans d’Asie du Sud-est, et des républiques d’Asie centrale. Les travaux sont couverts par des journalistes occidentaux dont des femmes, un autre geste qui témoigne de l’ouverture de l’islam sur les autres cultures et le besoin de faire connaître la réelle image du monde musulman.

Mohamed Boundi
Periodista, doctor en sociología y ciencias de la comunicación de la universidad Complutense de Madrid. Corresponsal en España desde 1987, es licenciado en periodismo, investigador en ciencias sociales, opinión pública y cultura política. Publicaciones: “Marruecos-España: Heridas sin cicatrizar”, un estudio sobre la imagen de Marruecos y sus instituciones en la opinión pública española en momentos de crisis; “Sin ellas no se mueve el mundo”, un trabajo de terreno sobre la condición de las empleadas de hogar inmigrantes en España; “La mujer marroquí en la Comunidad autónoma de Madrid: convivencia y participación social”.

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